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DU MÊME AUTEUR :

Histoire diplomatique des Conclaves, 4 vol. 24 fr.

Mémoires de Judas, 1 vol..................

6 fr.

LE CONCILE

I

Synode à Constantinople, synode à Saint-Pétersbourg, synode à Belgrade, synode en Irlande, concile œcuménique à Rome. L'Église, au tempérament lymphatique, est en émoi.

Ce fait extraordinaire a produit, par contre-coup, des préoccupations dans le monde laïque, et les puissances Catholiques les ont à leur tour éprou

vées.

Le prince de Hohenlohe a été le premier à fixer l'attention sur ce sujet et à y appeler l'attention des autres gouvernements. L'Italie s'est vite alarmée. Le branle s'est communiqué à la France, à la Belgique, au Portugal, à l'Autriche, et la Prusse ellemême l'a ressenti. L'Angleterre seule a conservé son flegme, par la raison que son pape, M. Gladstone, vient d'octroyer indirectement aux catholiques du Royaume-Uni plus que tous les conciles et tous les concordats avec Rome ne leur eussent jamais accordé, et en sus la liberté. L'Espagne n'a

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pas encore pris la parole; mais cela viendra. Pour le moment, elle en est à fouetter d'autres chats : les partisans des Bourbons et les républicains, qui, là aussi comme en Italie, montrent le tact d'à-propos qu'on leur connaît.

L'immense point d'interrogation qui se dresse sur la situation est celui-ci : L'Église va-t-elle se laisser entraîner par la civilisation du monde moderne? Va-t-elle reculer? Va-t-elle s'immobiliser dans une fin de non-recevoir et dire : Ni mon royaume ni moi, nous ne sommes pas de ce monde?

Le mystère que les membres de la congrégation directrice des travaux du concile et ceux des commissions spéciales conservent, jette une agitation mal déguisée parmi les gouvernements européens. L'épiscopat, qui doit intervenir à cette assemblée, est privé, ainsi que les autres, de toute lumière. On ignore les matières qui seront présentées à la discussion des Pères; si ces Pères seront appelés pour discuter ou simplement pour sanctionner des canons arrêtés d'avance; si le pouvoir laïque sera invité à assister aux débats, n'ayant même pas été préalablement interrogé sur la convocation du synode, et à quel titre, avec quels pouvoirs, les représentants des puissances participeraient aux délibérations.

Malgré les dénégations, les États catholiques représentés à Rome ont fait quelque démarche pour être éclairés sur ces différents problèmes. Mais ils n'ont obtenu aucune satisfaction, sous le prétexte que les cahiers des sections n'étaient pas encore terminés et que le programme n'était pas encore prêt.

Et nous en sommes là.

On se demande en outre quelles seront les tendances du concile? en quel sens seront les solutions? sous quelle forme la proclamation des canons serat-elle faite? Le synode s'occupera-t-il de dogme ou de discipline?

Le pouvoir laïque aura-t-il droit de censure, d'observation, d'amendement? Les évêques sont-ils convoqués comme représentants des diocèses ou bien comme mandataires du pape auprès de ces diocèses? Auront-ils voix délibérative et le droit de rejeter les propositions qui choquent leur conscience? Le vote aura-t-il lieu par nation ou par individu? Le peuple catholique, qui doit accepter comme infaillibles les décrets du concile, comment et par qui y serat-il représenté, puisque les évêques n'ont pas préalablement reçu leur mandat dans les comices des fidèles ou dans les synodes diocésains ou provinciaux? Le pouvoir papal sera-t-il supérieur ou subordonné au pouvoir constitutif des Pères?... Ce sont ces questions et d'autres encore que le monde catholique se pose, et sur lesquelles les cabinets eux-mêmes semblent anxieux de recevoir une réponse.

La cour de Rome se tait.

A-t-elle raison de se taire?

A-t-on raison d'être anxieux?

Disons-le dès le premier mot le silence est peut-être inconvenant, mais l'appréhension est déplacée.

Une réunion de théologiens n'est ni un congrès de diplomates, qui a dans ses mains la paix ou la guerre, ni un parlement douanier, ni un congrès d'économistes, qui peuvent, après tout, influer par leurs

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