MEMBRE DE L'ACADÉMIE DE L'INDUSTRIE, DU CONSEIL DE SALUBRITÉ, DEUXIEME EDITION. PRIX: 5 Fr. 50 C., chez l'Auteur, rue St.-Antoine, N. 205. PARIS. ---- 1836. NALE AVERTISSEMENT. La première édition ayant été épuisée avec une rapidité incroyable, d'après la demande du public j'en ai fait paraître une deuxième en tout semblable à la première, ne pouvant changer un mot sans altérer la vérité. Une pensée heureuse ne peut varier : c'est un astre lumineux et immuable que la puissance de l'envie ne peut atteindre. Les souscriptions nombreuses de la famille royale, de lord Granville et d'un grand nombre de hauts fonctionnaires prouvent le goût de notre siècle pour les sciences utiles. On pourrait me demander pourquoi le pouvoir ne fait pas afficher un moyen curatif pour l'hydrophobie?... Les affiches sont dictées par un conseil de salubrité, ces Messieurs, en m'approuvant, désapprouveraient leurs ouvrages, et, chez les auteurs, le suicide est rare il faut trop de courage!!! Je préviens les lecteurs que mes traités sur la Goutte et le Cholera n'ont pas été publiés en u ème temps: c'est pourquoi ils sont, pour ainsi dire, détachés. AVANT-PROPOS. Plus une découverte est précieuse, plus elle suscite d'envie. Depuis sept ans que j'ai trouvé le moyen de guérir l'hydrophobie, on ne pourrait croire les traverses que j'ai éprouvées !!! Les Médecins savans l'ont considérée comme un trésor, comme un flambeau qui doit éclairer le monde médical, changer la science, et de conjecturale la rendre certaine. Quant aux Médecins à vue courte, dont la loquacité est le seul mérite, ils n'ont rien épargné pour me nuire. Parmi les épines, j'ai néanmoins cueilli des roses : toutes les Académies étrangères m'ont félicité. En France, Messieurs les membres de l'Académie de l'industrie m'ont fait l'honneur de me nommer Académicien. A l'Institut, on a écouté avec le plus vif intérêt la lecture de mon Mémoire, et on a jugé la découverte inappréciable. Parmi les hauts et savans personnages qui ont daigné me donner des témoignages d'approbation, je puis citer (1) M. le duc d'Angoulême, S. M, le roi de Bavière, lord Granville, etc., etc. En publiant cet ouvrage, mon seul but est d'être utile à la société, puisqu'en suivant mes conseils on peut se guérir soi-même. J'offre à donner 100,000 fr. à celui qui proposera un traitement plus rationnel, plus sûr et moins dispendieux que le mien. Le temps fera apprécier sa valeur et son étendue. (1) On dira peut-être qu'ils ne sont point compétens; j'observe qu'ils consultent leurs médecins, qui sont tous de première classe. HYDROPHOBIE. Il y a environ sept ans que j'ai donné le moyen de prévenir et de guérir cette maladie. Dans mon Mémoire, j'ai indiqué par la lettre initiale de son prénom une personne que j'ai guérie; aujourd'hui, je vais la nommer: cette personne..... c'est moi!... Cette affection peu connue, on pensait qu'on pouvait devenir hydrophobe après un laps de temps très-long. On cite l'exemple de plusieurs individus morts hydrophobes un an et même plus après avoir été mordus : c'est pourquoi il aurait été imprudent de me nommer à cette époque. Je vais jeter un coup-d'œil rapide sur cette maladie, et prendre pour juges tous les gens sensés. Pour prouver que la lumière existe, il suffit de montrer un objet; pour prouver que mon procédé est infaillible, il suffit de le nommer. L'hydrophobie ou rage est spontanée ou consécutive. Elle est spontanée chez certains animaux, tels que le chien, le loup, le renard, le chat, etc., en un mot chez tous les animaux qui ne suent pas. Elle se déclare par la privation d'alimens solides ou liquides; la colère peut la faire naître, et je l'ai même observée à la suite d'autres maladies, particulièrement chez les jeunes chiens à l'époque de leur dentition. Ces mêmes animaux ne sont point exempts de la rage communicative, c'est-à-dire qu'un chien enragé en mordant un autre chien peut lui communiquer la maladie. Les animaux qui suent, tels que l'homme, le cheval, etc., ne deviennent hydrophobes que par l'absorption du virus rabique. Je vais me citer pour exemple. Appelé pour donner mes soins à une femme hydrophobe, après l'avoir saignée, je m'essuie à son mouchoir plein de bave. Ayant une plaie à l'indicateur de la main gauche, je ressentis une douleur au neuvième jour, partant du doigt indicateur, suivant le nerf radial (1), et se communiquant jusqu'au cerveau. L'accès était d'environ deux ou trois minutes, et l'intermission de six à sept minutes. Les yeux étaient extrêmement douloureux et semblaient sortir des orbites; la lumière m'affectait vivement, et par conséquent tous les corps. lucides, tels que le verre, les métaux, etc. Mes cheveux étaient d'une telle sensibilité, qu'il me semblait que sans les voir j'aurais pu les compter. L'impression d'un courant d'air m'était non-seulement douloureuse, mais prolongeait les accès; mon corps me paraissait plus léger que l'air; je croyais qu'en m'élançant de terre j'aurais pu m'élever à une hauteur prodigieuse, et qu'en me jetant d'une croisée je n'aurais pu toucher le sol. J'avais la glotte douloureuse, et à l'épiglotte je sentais un peu d'inflammation; j'éprouvais des nausées continuelles; je salivais beaucoup et crachais continuellement; je sentais les glandes sublinguales engorgées; mais ayant voulu m'en assurer en me regardant (1) Cette sensation m'a prouvé qu'il y a dans les nerfs une circulation du fluide nerveux. |
