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PARIS

IMPRIMERIE DE L. TINTERLIN ET C

Rue Neuve-des-Bons-Enfants, 3.

SEUM

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E. DENTU, LIBRAIRE-ÉDITEUR

GALERIE VITRÉE. 13 ET 17, PALAIS-ROYAL

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INTRODUCTION

La première condition de la vie nationale, c'est l'unité; et l'unité d'un peuple ne se réalise que par la centralisation politique, qui elle-même a dans la capitale sa plus haute expression.

Il y a des doctrinaires qui soutiennent encore le fédéralisme ; mais ce sont là des idées retardataires. Comment parler d'une simple fédération de provinces, quand déjà on entrevoit l'aurore de la fédération des peuples.

Il y a des idéologues qui disent: A quoi bon une capitale? Un peuple sans capitale n'a pas du moins la crainte d'être décapité. — Mais alors de quelle vie vit-il, sinon de la vie des êtres inférieurs. Forme-t-il une nation qui pense, qui veuille, qui agisse? Les polypes non plus ne peuvent être décapités : qui voudrait de la vie des polypes?

Il y a des libéraux qui citent l'exemple de Washington et qui disent: << Moins une capitale a d'importance par elle-même, mieux cela vaut; une capitale conventionnelle suffit : les États-Unis n'en ont pas d'autre. » - Mais l'Amérique n'est pas une nation : c'est un chaos de races, comme l'Europe il y a dix-huit cents ans.

Les nations d'Europe ont aujourd'hui d'autres besoins; elles sont arrivées à une personnalité qui pour se manifester nécessite l'organe d'une capitale.

Et Dieu a mis au front de certaines villes le cachet de la souveraineté. Nul ne le conteste à Paris; on le sent à Varsovie, sous la domination étrangère; et à Rome, même au temps de ses plus grandes misères, on a toujours aperçu au-dessus des sept collines la couronne de la nation italienne.

L'importance de la capitale éclate dans ce fait que les anciens rasaient les cités rivales comme ils tuaient les chefs ennemis. Ils savaient qu'ainsi ils frappaient la nation à mort. C'est pourquoi Rome a détruit Carthage. C'est pourquoi Nicolas disait aux Polonais: «Voyez la citadelle que j'ai fait construire dans votre ville; au premier mouvement je foudroierai Varsovie, et ce n'est pas moi qui la rebâtirai. » C'est pourquoi les rois coalisés d'Europe poussaient, en 1814 et 1815, leurs peuples contre nous, aux cris de: Paris! Paris! Ils eussent voulu écraser Paris pour éteindre le foyer de la révolution; mais ils n'ont pas osé.

On a dit de Paris que c'était pour la France une assemblée nationale permanente; et c'est vrai en ce sens que si l'opinion publique est reine, la capitale en est l'expression vivante.

Dans chaque nation, au-dessous de la capitale il existe un certain nombre de grandes villes, à qui la Providence n'a imprimé qu'un caractère secondaire, qui rayonnent non plus sur la nation, mais sur une partie du territoire, et c'est ce qui fait la légitimité de la province; celle-ci renferme plusieurs petits centres naturels qui sont les communes.

Plus la proportion et l'harmonie est exacte entre les communes, les provinces et l'État, mieux la nation est organisée.

Les terribles nécessités dans lesquelles la France s'est trouvée d'avoir à lutter toute seule contre l'Europe entière coalisée, l'ont forcée, non-seulement à concentrer le pouvoir dans quelques mains, puis dans une seule, mais encore à constituer la dictature de Paris sur le reste de la France.

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