SUR LES MATHÉMATIQUES, Jean Expliqués & démontrés par M.DIGARD de Kerquette, dans ses Conférences publiques. PREMIER ESSAI CONTENANT LE CALCUL, Dédié à S. A. S. Monseigneur le Comte dἘυ. UM 1717-1780. A PARIS, Chez BALLARD seul Imprimeur du Roi pour la Musique, de Beauvais, à Sainte Cécile. MDCCLII. Avec Approbation & Privilège du Roi. Grand-Maître de l'Artillerie de France, &c. En vous consacrant ces prémices de ma plume, je n'entreprendrai point de publier les vertus & les qualités éminentes qu'on admire en VOTRE ALTESSE SÉRÉNISSIME. Quand je réussirois selon mes vœux, votre modestie rendroit 4. mes succès fuperflus. Cependant quoique vous prefcriviez les bornes les plus étroites aux éloges les moins suspects, on fait, MONSEIGNEUR, qu'à la tête d'un Corps brillant & diftingué, vous faites une estime particuliere des Officiers qui possédent la Science à laquelle je m'applique; & quelque glorieux qu'il me soit d'avoir mérité le suffrage de la premiere Compagnie du monde savant, je prétens moins vous offrir un hommage digne de VOTRE ALTESSE SÉRÉNISSIME, que rendre un témoignage public du profond respect avec lequel je suis, MONSEIGNEUR, DE VOTRE ALTESSE SÉRÉNISSIME, Le très-humble & très-obéiffant Serviteur Digard i PRÉFACE. UOIQU'IL ait déja paru beaucoup de Traités fur les Mathématiques, j'ai crû pouvoir encore faciliter une Etude aussi importante qu'inépuisable. Si mes Essais ne sont pas brillans, j'espere qu'ils feront utiles. Il n'en est pas des Principes Mathématiques comme de ceux ausquels on veut asservir un Auteur qui doit tout puiser dans fon propre fonds. Dans une Science où l'on ne peut faire de progrès qu'au moïen d'un travail assidu, où les découvertes même les plus brillantes font la récompense d'une Etude opiniâtre, aussi bien que le prix d'un effort de génie : où enfin on ne s'avance (pour ainsi dire) que la regle & le compas à la main; on ne peut trop recommander l'Etude souvent négligée des Elémens. C'est pourquoi j'ai pensé qu'un ordre nouveau, plusieurs idées que je crois également neuves, quelques principes rendus plus simples & plus généraux, pourroient en applanir les difficultés. L'esprit humain né libre & peut-être rebelle, ne souffre de Maîtres qu'à regret. Impatient de tout joug, honteux d'avoüer ses foiblesses, il ne se plie qu'avec peine aux préceptes d'autrui. Il faut donc lui trouver un guide ingénieux qui n'affecte point l'air de Maître; qui réforme ses idées sans le révolter; qui, par des principes aussi clairs que certains, le conduise à des conféquences inévitables, & le trompe enfin au profit de sa raison. L'enchaînement des Principes Mathématiques est pour nous ce Mentor habile que nous ne trouverions pas dans les seuls charmes de la vérité, |