Enfants et meurtriers

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République des Lettres, 17 avr. 2016 - 128 pages

Texte intégral révisé suivi d'une biographie de Hermann Ungar. "L'atmosphère des premiers récits d'Hermann Ungar ("Un homme et une servante" et "Histoire d'un meurtre" [qui composent le recueil "Enfants et meurtriers"]) à laquelle contribue puissamment une certaine manière, à la fois tendre et cruelle, de voir et de donner à voir l'humain, n'est pas sans trahir l'influence russe: ici comme ailleurs se manifeste l'emprise de Dostoïevski sur la jeunesse européenne des années 20. Une emprise qui ne fait d'ailleurs, en l'occurrence, que mettre davantage en relief les traits spécifiquement allemands, mais aussi et surtout la singularité, la profonde originalité de l'œuvre de ce jeune écrivain natif de Bohème. On reconnaît, dit-on, l'écrivain aux fruits qu'il porte. Vu sous ce jour, le spectacle est plutôt navrant car, en fait de fruits, nous ne sommes que trop souvent confrontés à des avortons. Mais ici, les conséquences — pour autant que l'on puisse parler de conséquences — font honneur aux causes dont elles résultent: elles nous bouleversent, et nous ne pouvons que reconnaître, à l'effet produit par l'écrit, à la trace indélébile qu'il a laissée en nous, que cet écrit recélait une grandeur, une beauté, un pouvoir que nous ne soupçonnions pas initialement. Une scène comme celle qui précède et prépare le meurtre de l'étranger ("Histoire d'un meurtre") — cette beuverie au cours de laquelle la jeune femme enceinte, en présence du général et de son bourreau, le coiffeur bossu, verse du vin sur le sexe du "petit soldat" ligoté, avant de se rouler par terre, en proie aux douleurs de l'enfantement — voilà qui révèle un artiste extraordinairement courageux et inspiré, et dont la vision m'a marqué pour la vie" — Thomas Mann.

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