Exégèse des Lieux Communs

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République des Lettres, 27 févr. 2020 - 480 pages

"Exégèse des Lieux communs", livre terrible sous son apparente cocasserie, se présente sous la forme de quelque trois cents textes en deux séries où sont analysées, interprétées et commentées une à une les expressions toutes faites par quoi se traduit la «sottise bourgeoise». Comme Flaubert avec son "Dictionnaire des idées reçues", Bloy s’attaque férocement à l’homme «qui ne fait aucun usage de la faculté de penser» et se contente d’un répertoire limité à quelques formules toutes faites. L’énumération des lieux comuns fait ressortir la prédominance des préoccupations d’argent: «Les affaires sont les affaires, Qui paie ses dettes s’enrichit, Les bons comptes font les bons amis», etc. D’autres expriment avant tout la bonne conscience et l’assurance qu’il n’est besoin d’être ni un héros ni un saint pour mériter considération: «On ne se refait pas, Je m’en lave les mains, Être à cheval sur les principes», etc. Bloy s’empare à chaque fois d’une expression, et la poussant au terme de sa logique secrète, en déduit magistralement l’imbécillité ou la perversité cachée du petit bourgeois qui l’emploie. Mais ce n’est là qu’un artifice de méthode pour laisser entendre que sous chacune de ces paroles mortes subsiste la vertu inchangée de la Parole sacrée. Bloy interprète avant tout les lieux communs à la lumière de l’Écriture et le mot «Exégèse» doit être entendu ici dans son sens précis. Ce qu’il tente, c’est de tirer de l’absurdité même, ou de la pesanteur humaine, ce qui peut s’y dissimuler qui appartient à la révélation de Dieu aux hommes. Toute parole, selon lui, est «réellement dérobée à la Toute-Puissance créatrice», si bien que «les plus inanes bourgeois sont, à leur insu, d’effrayants prophètes». Dès lors, le sens le plus mystérieux réapparaît sous les pires platitudes, et le génie contemplatif et verbal de Bloy parvient sans cesse à tirer du plus pauvre langage la solennelle attestation du mystère de notre humaine nature.

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À propos de l'auteur (2020)

Écrivain français, Léon Bloy est né à Périgueux le 31 juillet 1846. La rencontre de Jules Barbey d'Arevilly, en 1867, détermine son retour au catholicisme et le confirme dans ses ambitions littéraires. Commencé en 1884, Le Désespéré (1887) donne, à travers la transposition romanesque, l'image la plus juste de la vie de Bloy jusqu'à cette date, faite de mysticisme et de vains essais de vie monastique. Il devient journaliste pour vivre. Déçu par ses échecs, il quitte la France en 1891 pour le Danemark où il donne des conférences. En 1892, paraît Le Salut par les Juifs, écrit pour répliquer à l'antisémitisme d'Édouard Drumont. De retour en France en 1900, il publie deux livres et travaille à l'Exégèse des Lieux communs qui paraît en 1902. Il poursuit cet inventaire des expressions toutes faites dans un deuxième volume en 1912. Il écrit et publie ensuite de nombreux ouvrages tels Constantinople et Byzance, Celle qui pleure, L'Invendable, Le Sang du pauvre, Le Vieux de la montagne, L'Âme de Napoléon, Le pèlerin de l'absolu, Au seuil de l'apocalypse, La Porte des humbles, Méditations d'un solitaire, etc. Il meurt à Bourg-la-Reine le 3 novembre 1917.

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