Antoine Bloyé

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République des Lettres, 23 mars 2021 - 300 pages

"Antoine Bloyé", roman biographique de facture classique, s'ouvre sur l'évocation de l'enterrement du père et retrace l'ascension sociale d'un fils de simple cheminot. Empruntant beaucoup à la vie réelle du père de l'auteur, qui poursuit ici sa dénonciation de la bourgeoisie, le livre dresse une généalogie sociale des prises de position politiques et éthiques de Paul Nizan et condense les grands thèmes de son oeuvre. La trahison y occupe une position centrale: changer de classe, c'est non seulement rompre avec un lieu — avec la terre — et avec une culture, mais aussi trahir les siens et se trahir, en franchissant la ligne qui sépare les oppresseurs des opprimés. Roman du père, "Antoine Bloyé" est aussi celui de la vengance du fils, qui dénonce l'existence de ces fonctionnaires placés sur les rails d'une carrière qui ne laisse aucun temps à la méditation, au retour sur soi, et moins encore à l'ouverture aux autres. Les désirs de voyages étouffés, les nuits agitées de fantasmes avortés témoignent de l'aliénation d'Antoine Bloyé. L'importance des thèmes de l'héritage et de la lignée apparaît pleinement dans la pause que constitue la naissance de son fils Pierre, laps de temps pendant lequel la mécanique de la répétition, des gestes, des actions et des préoccupations est interrompue. Il délaisse l'usine et le travail pour envisager sa propre mort et considérer son passé: "Antoine pense souvent à sa propre mort, qui viendra, et il contemple ce fils qui n'est rien encore, qui le trahira, qui le détestera peut-être, ou qui mourra — comme la très grande puissance qui le délivrera lui-même, qui le sauvera de la mort." Le monde du travail dessine l'armature sociale d'Antoine Bloyé, qui s'élève dans la hiérarchie de la compagnie, au fil des mutations et des déménagements, habite des demeures plus cossues et entre dans une bourgeoisie qu'il adopte, comme on ferait d'un vêtement emprunté.

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À propos de l'auteur (2021)

Philisophe et romancier, Paul Nizan (1905-1940), est l'écrivain de la révolte contre l'aliénation sociale. Membre du parti communiste, il le quitte lors de la conclusion du pacte germano-soviétique. Il est tué lors des premiers combats de la deuxième guerre mondiale.

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