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Critique de Isa0409


L'ordre du jour

📔 « La vraie pensée est toujours secrète, depuis l'origine du monde. On pense par apocope, en apnée. Dessous, la vie s'écoule comme une sève, lente, souterraine. » (p. 138)

📔Dans « L'ordre du Jour », Éric Vuillard, que je lis pour la première fois, se glisse dans les coulisses de l'Anschluss. Comment Hitler a-t-il réussi à annexer l'Autriche ? Comme le dit l'auteur, « les plus grandes catastrophes s'annoncent souvent à petits pas » (p.84), et c'est en mettant en place une mécanique insidieuse, fallacieuse et menaçante, qu'il a réussi, sans trop de résistance, à gagner le coeur des Autrichiens qui, il faut tout de même le noter, ont voté à 99.25% oui à l'Anschluss. le secret de Hitler a été de forcer le pays et son gouvernement (à travers le chancelier autrichien Schuschnigg) à céder aux menaces sans jamais briser le protocole politique. Et si l'image de la Wehrmacht qui annexe l'Autriche est associée à une machine de puissance et de technologie, la réalité est toute autre : embourbés à la frontière, les panzers étaient misérablement immobilisés...

📔 « L'ordre du Jour », c'est également le procès de 24 hommes, des intellectuels et chefs d'entreprise allemands dociles et prospères qui ont, sur invitation du futur Führer en personne, gentiment contribué à financer le parti nazi. Avec un humour noir et décapant, Vuillard dresse le portrait de 24 hommes vils, aveuglés par l'argent et le succès, d'une couardise effarante ; si leurs noms nous sont parfois étrangers, leurs entreprises, elles, ne le sont absolument pas, puisqu'elles prospèrent encore actuellement, sans qu'on imagine ce que leurs fondateurs ont osé financer. C'en est répugnant. Et s'il n'y avait qu'eux.... Car nombreux sont les politiques complices qui ont, par lâcheté ou par aveuglement, contribué à l'essor du parti et à le quasi-légitimisation de son dirigeant. Là encore, les mots me manquent.

📔A la lecture de ce récit, un seul constat : étant donné la lenteur et les défaillances du système mis en place par Hitler, il aurait été possible (à défaut d'être simple) d'arrêter la machine. Mais il faut croire que malheureusement, personne n'a su, dans cette usine internationale, déceler l'objet défectueux dans son processus de fabrication.

📔 L'ordre du jour : un récit essentiel et toujours aussi nécessaire.





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