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Critique de GuillaumeTM


Georges Courteline se plait, dans cette satire, à évincer avec un humour caustique ces gens de la fonction administrative dont lui-même a déjà exercé le métier, dès lors on imagine bien qu'il sait de quoi il parle !

Dans ce roman très court, découpé en six tableaux, on entre dans l'univers de la Direction des Dons et Legs, une administration où chacun ou presque vient à l'heure qui lui plait, où les fonctionnaires ont l'air plus bêtes les uns que les autres, où ces travailleurs n'ont pas l'air d'être fatigués par un dur labeur.

Courteline, malgré la distance que nous sépare de son époque, nous conforte dans l'idée que l'on se fait de ce que sont les administrations en général. Il est plus que probable que la réalité de ces ronds-de-cuir soit poussé jusqu'à l'absurde afin de rendre plus percutant l'aspect comique de leurs comportements et des situations auxquelles ils se retrouvent confrontés.

En parcourant ce livre, on ne peut s'empêcher de penser et de comparer au passage dans le film d'animation « Les douze travaux d'Astérix », lorsque les deux héros doivent faire face à une administration les repoussant sans cesse d'un bureau à un autre et qui les font remplir formulaire après formulaire. On peut aussi penser à l'antihéros de Franquin, Gaston Lagaffe l'archétype même du fonctionnaire incompétent, parce que qui d'autre que lui serait capable de faire de l'haltérophilie dans un bureau et encore plus sur son lieu de travail.

Mais nous sommes très loin, ici, d'une administration dite « Kafkaïenne », où l'homme est soumis à des forces qui le dépassent. La différence étant que dans « Le procès » ou dans « Le château », le héros de ces deux livres se trouve à l'extérieur de cette administration à la logique nébuleuse. C'est là une différence de taille. Courteline est bien plus proche (même si quelques dissemblances demeurent) de la vision de Gogol qui décrit, dans ses « Nouvelles de Pétersbourg », des fonctionnaires attachés continuellement à la même tâche et qui sont d'ailleurs incapables de faire autre chose sous peine d'en ressentir une crispation cérébrale.

C'est, au final, un trop court roman rédigé dans la belle langue surannée du XIXème siècle d'un auteur presque oublié aujourd'hui et qui mérite pourtant qu'on le lise un peu plus.
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