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Critique de izziederives


Tout est presque dit avec ce résumé et je dois dire que c'est une lecture de laquelle je suis sortie vidée malgré sa courte durée. Très vite, l'ombre de Dargelos, ce garçon trop beau et trop insolent qui sait à peine qui est Paul, plane sur cette chambre où se mêlent des sentiments confus : l'amour, la haine, la joie, la tristesse, la folie, la maladie, mais surtout, la pièce devient le théâtre du jeu de l'enfance, où l'on aime comme on se déchire, où seul compte le « trésor », un ensemble d'objets semble-t-il sans intérêt auxquels le frère et la soeur donnent une importance particulière. Il n'y a rien qui ne fasse pas partie du jeu. À tel point qu'ils convaincront le passif Gérard, admiratif de Paul et qui reportera avec l'âge son affection platonique sur Élisabeth, d'y participer en allant voler lui aussi des babioles ridicules qui rejoindront le trésor.

D'abord désargentés suite à la mort de leurs parents, Élisabeth et Paul sont entretenus par le médecin puis par leur oncle. Mais bientôt, l'adolescente cherchera l'indépendance. Elle trouvera un travail en tant que modèle (ou mannequin) et se liera d'amitié avec Agathe, qu'elle entraînera elle aussi dans cette chambre où règnent les passions irraisonnées et la violence des mots. Un choc pour Paul, qui reconnaît dans les traits de cette intruse le beau Dargelos, celui par qui sa convalescence a commencé et qui jouera un rôle dans sa mort.

Par la suite, Élisabeth rencontre Michael, un juif américain extrêmement riche qu'elle épousera et qui décédera dans un accident de voiture, lui léguant toute sa fortune et contribuant ainsi à la poursuite de cette vie oisive dans laquelle se sont enfermés les quatre jeunes gens. Gérard aime Élisabeth, grande prêtresse intouchable aux moeurs tantôt cruelles, tantôt miséricordieuses ; Agathe aime Paul, jeune homme aussi insaisissable que les flocons de neige qui ont provoqué son mal : une adoration silencieuse pour les idoles qui ont bien voulu d'eux dans le confinement de cette chambre aux relents morbides.

Seulement, quand Élisabeth découvre que Paul éprouve les mêmes sentiments envers Agathe, son monde déraisonne et la crainte qu'il ne la quitte la saisit au point qu'elle intrigue, tisse sa toile dans l'ombre. Agathe épousera Gérard, il ne peut en être autrement. Alors elle leur ment, par amour, car c'est ainsi qu'elle aime, avec cruauté. Malheureusement, aucun mensonge ne s'emporte dans la tombe. Gérard, qui a croisé Dargelos par hasard, se voit offrir une boule de poison à l'intention de Paul – le type de la boule de neige. Et c'est ce poison que Paul ingérera par désespoir et qui conduira au drame final, celui où la folie d'Élisabeth et l'amour d'Agathe s'entremêleront dans un dernier acte.

Cocteau nous livre au gré d'une plume fébrile mais retentissante, un récit dérangeant d'amour, d'inceste, où toutes les perversions et les naïvetés de l'enfance s'entrechoquent, où les mots se jettent sur le lecteur initié mais repousse le profane qui n'aura su se faire inviter dans la chambre sacrée.
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