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Accomplisse

ment d'Athalie

en toutes

les règles

observées.

saire, sont autant de tableaux scéniques inimitables. Si la peinture les voulait reproduire sur la toile, elle ne pourrait mieux poser les groupes, choisir les attitudes, et n'aurait qu'à les copier pour exciter l'admiration.

Concluons

que rien ne manque à la perfection de ce chef-d'œuvre, puisque analysé sous vingt-six différents rapports, il satisfait à la dernière, à la plus rare des conditions, qui est de les réunir toutes dans son étonnante beauté. Cinna, Rodogune, Polyeucte, ni les Horaces, ni même Phèdre, ou Iphigénie en Aulide, ne lutteraient avantageusement contre ce grand modèle. Non que ces ouvrages, et sur-tout ceux de Corneille, ne présentent quelques faces plus éminentes et plus vastes; mais Athalie les surpasse par l'ensemble parfait de toutes ses parties. Déplorons les erreurs de la critique partiale ou ignorante, qui osa si long-temps réprouver cette fameuse tragédie. Déplorons les faux jugements du bel-esprit sur les travaux du génie, puisque l'auteur mourut sans avoir été témoin de la gloire de sa pièce publiquement décriée, et que Fontenelle sema contre elle ce refrain plus nuisible à lui-même qu'à Racine :

« Pour faire pis qu'Esther
«Que pouvait-il faire ?

Le croirait-on? ce chef-d'œuvre n'eût jamais illustré la scène, si le régent de France, intéressé à flatter la vogue par des allusions à l'enfance d'un roi, pour qui Massillon prêcha son Petit-Carême avec tant de célébrité, n'eût trouvé dans Athalie un spectacle digne

de plaire à son pupille et à la nation, dont il était l'espérance. Ce ne fut donc pas même la justice du bon goût qui la tira de l'oubli, mais le hasard d'une circonstance de cour; et du moins, cette fois, l'intérêt des grands devint favorable aux intérêts du génie.

Messieurs, la première partie de mon cours littéraire finit à cet exposé de ma méthode appliquée au genre tragique. Je crois utile d'avertir qu'il serait dangereux de multiplier beaucoup le nombre des conditions que j'ai classées. Les légères modifications ne sont pas des règles; et si l'on s'en faisait trop, l'esprit, ne les pouvant bien déterminer, s'y confondrait, comme si l'art n'en avait aucune. En appliquant mes vingt-six principes à l'examen de toutes les tragédies, on saura positivement en quoi elles sont bonnes, en quoi fautives dès-lors, plus d'arbitraire, ni de débat sur les décisions. C'est à ce résultat que je me suis efforcé de parvenir par mon travail analytique. En statuant les axiômes sur les règles capitales, j'ai tâché d'approfondir les causes de celles-ci, pour me rendre compte de leurs effets, ayant remarqué qu'autrement les littérateurs se serviraient des préceptes de l'art, comme les ouvriers emploient et construisent même des machines, sans connaître les lois qui en meuvent les leviers, les ressorts, et les rouages.

FIN DU PREMIER VOLUME.

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